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The killer inside me

Littérature noire

Hitler's Day : du théâtre dans le Detroit de 1944

Il y a le très bon et il y a le moyen chez Elmore Leonard. Un peu normal pour un auteur quand même très prolifique. Ce Hitler's Day (drôlement traduit du titre original Up in Honey's room) n'est pas le roman pour lequel on se lève fébrilement la nuit. D'abord parce qu'il y a un défaut que certains transforment sans doute en qualité : l'importance des dialogues. OK le Dutch est la référence en la matière, l'auteur qui a su donner l'exact rôle à ces ping pong verbaux, avec une simplicité, une fluidité quasi inégalée Mais voilà, ici, c'est too much. On a parfois l'impression d'être dans une pièce de théâtre, avec entrées et sorties des personnages. Mais s'il y a tellement de dialogues c'est peut-être parce que l'intrigue est tellement alambiquée, pour ne pas dire bancale, qu'il faut donner du rythme et rendre l'ensemble vivant.
On est à Détroit à la fin de la 2e Guerre Mondiale et donc comme dans une pièce (ou un film, Elmore Leonard espérait peut-être séduire un producteur...),il y a une distribution des rôles : Carl, le shérif de l'Oklahoma qui débarque à Detroit avec sa légende de véritable cow-boy à la poursuite de deux soldats allemands évadés; Walter, le boucher qui ressemble tellement à Himler qu'il veut faire quelque chose pour le Reich; Honey, l'ex femme de Walter, femme magnifique, libérée et très intelligente; Vera, Ukrainienne et authentique espionne au service du Reich; Bo, homme à tout faire (l'amour d'abord) de Vera qui se fait passer pour un homosexuel; enfin Jurgen, beau soldat allemand, évadé. Tout ce beau monde se croise, s'interroge mutuellement, dans une ville entièrement dévouée à l'effort de guerre. Mais on a surtout droit à des scènes "d'intérieur". Hormis une poursuite avec son lot de plombs et le meurtre d'un couple, le lecteur doit donc écouter parler les personnages pendant un peu plus de 350 pages... c'est parfois long il faut avouer.
Ce Hitler's Day n'est pas le meilleur moyen de découvrir la verve de l'auteur. Il confirme cependant son extrême travail de documentation (merci l'assistant !) et bien sûr sa maîtrise du dialogue.

Hitler's day (Up in Honey's room, trad. Johanne Le Ray et Pierre Bondil), ed; Rivages, 366 pages, 9 euros

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