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The killer inside me

Littérature noire

Delirium Tremens : le premier Jack Taylor bon comme un vieux whisky

Delirium Tremens : le premier Jack Taylor bon comme un vieux whisky

On attend avec impatience la suite des aventures de Jack Taylor, le privé sorti de l'imaginaire de Ken Bruen il y a à peu près onze ans. Du coup, je me suis lancé dans une recherche, sans intérêt je le crains, sur la qualité des premiers chapitres d'un polar. Sur leur efficacité, leur force. Parfois on se souvient parfaitement d'un livre par rapport à son entrée en matière. Et donc, évidemment, Delirium Tremens, la première aventure m'est immédiatement revenue en tête. Il faut absolument commencer la série des Jack Taylor avec ce volume parce qu'au moins, on sait dès les quatre premières pages si on va adhérer. Le livre s'ouvre ainsi : " Il est quasiment impossible de se faire renvoyer de la Garda Siochana. Il faut vraiment y mettre du sien. "

Bien sûr, on pense Irlande, pintes de Guinness, bouteilles de Paddy, fiesta jusqu'au petit matin... on se dit dans quel pétrin ce type qui, objectivement, va se retrouver à la porte, a pu se mettre ? Et puis non, c'est un alcoolo certes mais aussi un incorruptible, un flic qui ne veut pas se faire marcher sur les pieds et qui, s'il le faut, peut bien mettre quelques pains et pourquoi pas des coups de boules. La suite de ce premier chapitre est délicieuse lorsqu'il arrête une Mercédès en flagrant excès de vitesse : " Je le reconnus. Un politicien en vue. Je dis : votre chauffeur conduisait comme un dingue. Il demanda : - Savez-vous à qui vous parler ? - Oui. Au peigne-cul qui a niqué les infirmères... " Et parce qu'il faut savoir conclure un bon chapitre, Bruen poursuit : " Il braillait : - Vous savez ce qui va se passer ? Je répondis : - Je sais exactement ce qui va se passer. Et je lui écrasais mon poing sur la gueule. "

Le reste de Delirium Tremens se déguste mais on sait déjà que l'auteur a signé là, en une poignée de pages son style : des dialogues courts, marrants, un brin désabusés et une bonne grosse volonté de Justice qui doit passer. Le tout arrosé de belles cuites qui vont envoyer notre privé dans des établissements spécialisés. Bref, les premiers instants d'un roman - pas seulement d'un polar - révèlent parfois des moments de grâce.

Delirium Tremens, ed. Folio policier, 384 pages, 8 euros.
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