Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
The killer inside me

Littérature noire

Moscow : une sorte d'Orange mécanique sur les plages de sable fin

Moscow : une sorte d'Orange mécanique sur les plages de sable fin

Quelques mois seulement après son premier roman Bélèm, Edyr Augusto frappe de nouveau avec Moscow. Foin des malentendus, il s'agit du surnom de l'île (enfin, c'est vraiment presque collée à la côte), face à Bélèm et qui s'appelle en fait Mosqueiro, réputée pour ses plages de sable fin (les photos donnent envie...). L'auteur reste donc plus que jamais les pieds ancrés dans son état du Para. Et Augusto pousse le bouchon encore plus loin dans la sauvagerie, le no limit de ces gamins abandonnés par leurs parents et par la société. Il pousse le bouchon encore plus loin dans l'hypersexualité de ses concitoyens, le sexe devenant cette fois une arme pour violer, contraindre. Moscow est un bâton de dynamite, bien dur, bien raide et qui explose à la gueule du lecteur. Attention, ce n'est pas une lecture pour tous.

Car le personnage principal du roman, Tinho Santos, pas encore totalement sorti de l'adolescence, est une crapule. Avec sa bande d'amis décérébrés, il repère les touristes qui lui semblent un peu faible et les dépouille après avoir violé fille... et garçon. Habité par une violence qu'il ne maîtrise pas, Tinho Santos vit cette saison estivale dans l'excès : bagarre sur les terrains de foot, cambriolage d'une boutique, sexe minable, pour finir par un meurtre stupide dont il sait, cette fois, qu'il aura du mal à se dépêtrer. Sorte d'Orange mécanique sous les tropiques, Moscow en quelque courte page, montre l'absence d'autorité de ces adultes de moins en moins aptes à éduquer leurs enfants et plus intéressés à satisfaire leurs plaisirs. Attitudes que s'empresse de recopier les gamins les moins encadrés. Moscow, c'est une histoire d'extrême violence, mais aussi l'histoire d'une petite île noyée par les touristes, le fric.

Edyr Augusto se défend d'accabler Tinho Santos et n'en fait pas non plus une " victime " d'un système. L'auteur est prudent, observateur et ne traite quasiment que les faits. A la manière d'un journaliste, il conte la chute d'une jeunesse oubliée. Encore un roman bienvenu à quelques encâblures d'un Mondial de foot au Brésil qui ne manquera pas de nous montrer un " peuple tellement gai et souriant "...

Moscow, Edyr Augusto, édition Asphalte, 107 pages, 12 euros.
 
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article