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The killer inside me

Littérature noire

Version officielle : entre Matrix, La quatrième dimension et X Files..

Croiser les attentats du 11 septembre, la disparition du vol 370 de Malaysia Airlines, le génie de Stephen Hawking, les pratiques du docteur Mengele et les courants complotistes, voilà le pitch de Version Officielle, de James Renner. Jack, enseignant en histoire, revient pour l'été dans la petite ville de son enfance Franklin Mills. Sa soeur Jean s'occupe de leur père, atteint d'une dégénérescence mentale. Rapidement il tombe sur son ex-amour, Sam, qui lui demande de sonder le lac pour repêcher le corps de son mari, Tony, par ailleurs ex meilleur ami de Jack. Patatras... ce qu'il sort du lac c'est le corps du frère de Sam, dealer notoire. A son poignée, la montre de Tony. Et voilà que le jeune patient de Tony, qui était psy dans une clinique, assure à Franck que le monde n'est pas ce qu'il semble être : le fluorure dans l'eau du robinet empêche la population de réfléchir, un vaste complot modifie le calendrier, le monde a 100 ans de plus en vérité ! C'est son père, agent du gouvernement qui lui a parlé de ça, il l'appelait Le Grand Oubli. Franck refuse d'entrer dans ce jeu mais il lui faut retrouver Tony. Et surtout maintenir à distance la police qui s'intéresse au cadavre du frère de Sam. Vous suivez ? Il va s'en suivre une vaste fuite en direction d'un île au large de l'Alaska, en passant par des souterrains, des couloirs, des ascenseurs.

James Renner rend ici un hommage appuyé à La quatrième dimension et fait preuve d'une imagination débordante, jouant plutôt bien avec les divers concepts fumeux de complots, des hilarants chemtrails censés empoisonner la population aux manipulations de masse. Il creuse vraiment loin son sillon de cette "vérité qui est ailleurs", on pense donc à X Files ou à Matrix en lisant Version Officielle, sauf que c'est beaucoup plus long tout de même. D'accord, Renner a voulu aller jusqu'au bout de son raisonnement mais il manque un indice qui ferait vraiment s'interroger le lecteur, une brume de doute en somme. Ou alors c'est qu'il veut démonter toutes les idées complotistes du moment; Mais ce n'est pas clair. Pourtant, assurer que la Seconde guerre mondiale ne s'est pas terminée comme on le dit, c'est culotté, très ingénieux, en phase avec tout un tas de révisionnisme : " elle s'est prolongée jusque dans les années 60 et s'est terminé en guerre totale nucléaire. Un milliard de personnes sont mortes avant que les Alliés l'emportent enfin sur les forces de l'Axe en 1964. Mais avant cette victoire, une chose horrible et impossible à oublier est arrivée. Un génocide presque complet. Et c'était de notre faute." D'où la volonté du monde de faire oublier ce fâcheux épisode. Oui, James Renner voudrait bien faire réfléchir son lecteur sur les valeurs de l'Histoire, les enseignements du passé, la puissance du livre et du Verbe, mais à trop mettre de concepts dans son roman, on s'y perd un peu. Le final, lui, est à la limite du compréhensible... Une série B comme les affectionne ces éditions Super 8 mais avec moins d'humour qu'habituellement, moins de crédibilité aussi.

Version officielle (trad. Caroline Nicolas), Super8 édition, 483 pages, 21 euros.
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