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The killer inside me

Littérature noire

Au nom du bien : l'Amérique que l'on aime, bête et religieuse

On n'est pas à New-York, ni à LA, ni à Little Rock. On n'est même pas à Eureka Springs. On est dans l'autre moitié du monde. Gary et moi, on a grandi à Stock, et à Stock, être gay c'est encore un pêché. Et pas un petit pêché, comme jurer par exemple. En dehors de maltraiter un enfant ou tuer quelqu'un, c'est à peu près ce qu"on peut faire de pire."
Pasteur baptiste de cette paroisse de l'Arkansas qui fleure bon le hillbilly et le crétin des Alpes, Richard Weatherford a un petit problème sur les bras : un gamin, avec qui il a eu un échange onaniste le fait chanter et lui réclame 30 000 dollars. Et ça ne se trouve pas sous les bancs de la sacristie une somme pareille. Il va peut-être profiter de sa campagne pour un comté sans alcool (Dry county, titre original) pour essayer de trouver un compromis avec Brian Harten qui cherche à ouvrir un débit de boissons. L'affaire de l'un va peut-être faire l'affaire de l'autre. Mais la femme du pasteur commence à trouver louche tous ces coups de fil, ces absences du mari. D'accord c'est Pâques, il y a une fête à préparer mais tout de même. Et voilà que Brian Harten va demander du pognon à Tommy, ex-gloire obscure du baseball (dont tout le monde se fout dans l'Arkansas) mais commerçant successfull...
On se régale de l'observation de Jake Hinkson, fils de prêcheur baptiste, sur ce petit monde perdu. Les moeurs, l'ennui, la religiosité, la bêtise aussi il faut l'avouer. Tout ce qui fait cette Amérique de Trump - c'est l'auteur qui le dit - prend un tour drôle et tragique à la fois dans Au nom du bien. Parce que Au nom du bien, on peut faire de vilaines choses, Au nom du bien, on peut s'accommoder finalement de la loi. L'essentiel c'est d'avoir l'assentiment du Seigneur Jésus. Et parfois c'est hilarant. Comme ce figurant qui joue le Christ dans la Passion et prend un selfie sur la croix pendant la répétition. Au grand dam d'une grenouille de bénitier qui le dénonce au pasteur. Ou encore cette série d'études bibliques " le plan de Dieu pour vous aider à gagner de l'argent"... C'est une vision bien loin des salons littéraires de New-York ou des sports de surf californiens, c'est bien roots, bien craignos. Et parfaitement amoral. Comme on aime quoi.
D'après les amateurs d'Hinkson, cela reste toutefois un ton en dessous de Sans lendemain, son précédent.

Au nom du bien (Dry county, trad. Sophie Aslanides), ed. Gallmeister, 307 pages, 22, 60 euros

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C
Oui, un ton en dessous... c'est vrai...
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