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The killer inside me

Littérature noire

De pierres et de sang : enfin presque...

Considéré comme l'un des incontournables du polar au Québec ? Prix du meilleur roman policier pour les deux derniers opus ? Difficile d'y croire quand on termine la lecture de De pierres et de sang, polar d'André Jacques, paru outre-Atlantique en 2012.

Ce n'est pas tant l'histoire rocambolesque et parfois peu crédible qui fait tiquer. Mais bien son traitement. André Jacques semble vouloir accumuler les poncifs et les caricatures. Avec d'abord une sorte de Lara Croft, éprise de liberté pour les Inuits, qui dérobe des diamants dans une mine, laisse deux cadavres derrière elle mais parvient à quitter le pays et même à quitter le continent malgré une balle dans la cuisse et la moitié de la police canadienne à ses trousses. Mieux, elle est secourue par un antiquaire, un ancien collègue de l'armée, capable de partir en Belgique sous couverture de la DGSE. Mais il ne part pas seul, il embarque sa copine... parce qu'elle a sale caractère. Enfin, il faut un méchant. Et là, quoi de mieux qu'un Russe après tout. Un Russe sanguinaire évidemment.

Dans ce décor, les dialogues, d'une rare faiblesse font presque sourire tant ils sont peu crédibles. Comme cette scène quand notre Lara Croft, torturée, avec une autre balle dans le buffet, déballe tout "oui. Révolté par votre pourriture. Je lui avais parlé de votre trafic. Ces diamants sales venus d'Afrique qui transitaient par la Russie et qu'on mélangeait à ceux de la mine..." Ou comment glisser un reportage lu ou vu quelque part dans la bouche d'un personnage pour faire plus réaliste. C'est maladroit, lourd. De même lorsque l'ancien supérieur de l'antiquaire s'en va tout avouer au bar du Lutetia. Cela sonne dramatiquement faux, surtout dans un monde du renseignement où l'on imagine que les mots sont comptés.

Ajoutons quelques dialogues tout en finesse, façon "car s'il arrive quelque chose à Chrysanty, je te tue... et si vous faites un faux pas, une tentative de fuite, je tue... tu crise, tu tentes de fuir, je te tue..." et voilà un titre qui ne restera pas dans l'histoire du roman noir.

De pierres et de sang, ed. Le mot et le reste, 487 pages, 23 euros.
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