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The killer inside me

Littérature noire

Get Carter : chef d'oeuvre anglais inoxydable

L'Angleterre industrieuse des années 70 dans une ville pas définie (le Manchester originel de Ted Lewis ?). A l'ombre des aciéries, la pègre prospère dans les pubs, les casinos, les machines à sous, les paris, l'usure. Jack Carter, porte-flingue des frères Fletcher, caïds redoutés de Londres, revient dans cette triste cité pour y enterrer son frère, Franck. Mort dans un accident de voiture. Déclaré ivre par les services de police. Franck qui ne buvait jamais plus que de raison, qui était la prudence même. D'une honnêteté qui l'avait forcé à rompre tous liens avec son jeune frère devenu voyou. Mais Jack, justement, veut savoir ce qui s'est réellement passé. Sa nièce, le rembarre. Et petit à petit, la ville de son enfance voit d'un mauvais oeil toutes les questions qu'il pose. Ses patrons, soucieux de préserver de bonnes relations avec les gangs du nord, lui ont demandé de faire profil bas. Jack n'en tient pas compte. Il cherche, il provoque, il s'invite chez les boss du coin qui le connaissent depuis sa turbulente adolescence. Il commence par tirer le fil des événements par un film porno amateur dans lequel joue son ancien ami de déglingue ainsi que... sa nièce.
Get Carter est incontestablement une autre de ces pièces majeures du polar britannique, à l'instar d'un J'étais Dora Suarez. Ted Lewis brosse ici  le portrait d'un univers de briques, de pluie, de pubs et de violences. La force du roman, en fait les forces du roman, ce sont à la fois la personnalité extrême de Jack Carter, son côté justicier alors qu'il est une pourriture comme les autres. Il y a aussi ces aller-retour dans la jeunesse de Carter, ses premiers pas de loubard, sous les yeux désapprobateurs de son frère, qu'il considérait alors comme un lâche. Et ces personnages féminins ! Jamais neutres, parfois manipulatrices, souvent victimes. Enfin, que dire des scènes de pure castagne. Le tout dans une prose quasi minimaliste, à la première personne, avec une vague impression de fatalisme, de monde pourri jusqu'au trognon. C'est assurément de la belle oeuvre, du noir insondable, de la littérature cinq étoiles et ce personnage de Jack Carter, sa quête d'absolu, est quasi inoubliable.

Get Carter (Jack's retourn home, trad. Jean Esch), ed. Rivages, 266 pages, 8, 70 euros
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D
A noter une chouette adaptation cinématographique avec Michael Caine en 1971 : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Loi_du_milieu<br /> Et une, bien moins bonne, avec Stallone : https://fr.wikipedia.org/wiki/Get_Carter
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