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The killer inside me

Littérature noire

En son absence : fiasco d'une mission d'infiltration

Ce n'est pas le tome le plus funky de la série Harpur & Iles. D'ailleurs, dans En son absence, paru en 2008 et dernier des romans de Bill James publié en France, toujours par Rivages, Harpur n'est pas là. Et le titre évoque ouvertement un Desmond Iles ailleurs. On ne sait pas exactement, et c'est dommage, ce qui s'est passé entre Le big boss, dernière aventure publiée et ce En son absence : onze romans ont pourtant été publiés entre ces deux titres, un par an. Mais pas traduits.
Dans ce 25e opus de la série, Esther Davidson, adjointe au chef de la police, est confrontée à la perte d'un agent infiltré dans la Guilde, redoutable organisation criminelle, sur laquelle la police n'arrive pas à avoir de prises. Même après huit mois d'enquête serrée, rien n'est sorti sur ce gang familial, organisé, imperméable et au-delà de tous soupçons. Avant de se résigner à une infiltration, Esther Davidson s'est rendu à un séminaire secret avec d'ancien policiers infiltrés : avis, conseils, dangers... tout est passé en revue dans les moindres détails. L'officier a tout noté et longtemps pesé le pour et le contre avant de choisir, avec prudence, l'agent chargé de l'opération. Mais voilà, quatre mois après le début de sa mission, le jeune policier a été retrouvé, flottant sur le littoral. L'un des boss de la Guilde, Ambrose Tute Turton, a été interpellé et se retrouve maintenant à la barre des accusés. Mais bien difficile de le "mouiller" dans ce meurtre sans témoin, sans fait concret. Iles est d'ailleurs au procès. Parce que lui aussi, en tant qu'officier, a perdu un homme en infiltration. Il vient par soucis de justice. Un peu par solidarité aussi.
Sans les dialogues gorgés de cynisme et d'humour noir de la paire Harpur & Iles, il reste la patte de Bill James, capable de faire sourire son lecteur au détour d'un palais de justice, d'un pub, alors que l'ambiance est si lourde. C'est notamment à travers les rapports qu'Esther entretient avec son mari que l'auteur gallois crée le décalage : parce qu'Esther est battu par son mari, un musicien professionnel adepte du basson, qui cogne sa femme avant de lécher ses plaies, dans une extase sexuelle. L'épouse frustrée n'a plus les mots pour décrire sa relation avec cet époux : " elle savait qu'on l'imaginait sensible au charme des hommes plus vigoureux que son mari, Gérald, ce qui englobait virtuellement tous les hommes qui n'étaient pas en maison de repos. "
L'épisodique présence de Iles est aussi source de ce non-sens tellement british, une forme d'absurde tout à fait savoureux.
Si En son absence est parfois rugueux par ses longs tunnels de réflexions, d'interrogations autour de l'utilité, des dangers de la mission, le roman se sauve par ces petits moments tellement Bill James.

En son absence (In the absence of Iles, traduit par Daniel Bondil), ed. Rivages, 328 pages, 9, 50 euros
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