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The killer inside me

Littérature noire

Eteindre la lune : histoires de vies et de morts à Brooklyn

William Boyle est un Italien. Un Giannini de Brooklyn, New-York. Un amateur de grands dialogues, de comédie dramatiques, d'hommes brisés et de jeunes filles rayonnant de vie. Eteindre la lune est sans doute l'un de ses meilleurs romans. Même si l'on garde la trace neurologique du choc de son premier, Gravesend. On y revient d'ailleurs, avec le Wrong Number, le bar que fréquente, parfois, Jack Cornacchia, redresseur de torts que la mort accidentelle de sa fille a mis au tapis. Il faut reconnaître qu'il avait perdu, avant cela, ses parents, sa femme. Alors quand son Amandia décède dans un accident de voiture provoqué par des gamins, jamais trouvés, qui jetaient des pierres depuis un pont, le pauvre Jack survit. Jusqu'au jour où, cinq ans plus tard, une affichette annonce des ateliers d'écriture. Amandia voulait devenir écrivain, ce serait se rapprocher d'elle que de participer à un truc pareil. Et puis il a des choses à évacuer. Sans parler, de Lily,  la prof, toute jeune, qui n'est pas sans lui rappeler sa fille. Pendant ce temps, le gamin qui a jeté la fameuse pierre, Bobby, tombe amoureux de Francesca, métisse qui vient juste de terminer son lycée. Folle de cinéma, elle l'emmène voir des films à Manhattan. Et c'est l'amour. Enfin, pas trop longtemps non plus...
Boyle est un conteur. Il ne se préoccupe pas des coïncidences, des hasards. Brooklyn est son village, Bay Ridge, son quartier. Si l'on omet des passages un peu insistants sur le création littéraire ("elle se dit que cette fille est un vrai génie. Que sa voix est la plus mélodieuse du monde. Cette voix que l'on retrouve dans son roman"), Eteindre la lune recèle tout ce que l'on aime chez l'auteur : la peinture de New-York, des diners fatigués, de la nourriture parfois divine parfois au goût de vielle semelle (on sent que la gastronomie italienne recule petit à petit) et puis tous ces personnages, avec leurs carrioles d'histoires, mi-inventées, mi-authentiques. Il y a, il faut le reconnaître, beaucoup de bons sentiments encore une fois dans Eteindre la lumière. C'est la marque Boyle. Heureusement, il y a aussi, toujours, un vrai salaud. Ici, c'est Charlie French. Et il fait très bien son job. On pense à cette scène avec les deux fils à papa dans le motel : priceless.
Les amateurs de William Boyle seront ravis de le retrouver en forme olympique, les autres continueront de lui reprocher une vision un peu trop idyllique des rapports humains. L'auteur est, quoi qu'il en soit, un vrai storyteller.

Eteindre la lune (The moonlight out, trad. Simon Baril), ed. Gallmeister, 411 pages, 24, 80 euros
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