L'affaire du Golden State killer : vraie terreur de la Californie

Franchement, le true crime à la française, façon Jacques Pradel ou Stéphane Bourgoin, cela a longtemps été très chiant, avec cette manie de se mettre en avant, de jouer avec le lecteur. Et puis, il y a eu des livres de Patricia Tourancheau, authentique journaliste pour le coup. Les superbes récits aux éditions Marchialy. Et le dossier, désormais mythique de Society, sur Xavier Dupont de Ligonnès. On n'écrira jamais assez à quel point cette enquête a bouleversé les choses : profondeur des recherches, sens de la narration et succès populaire. Le livre, tiré après les deux magazines, s'est tout de même écoulé à 400 000 exemplaires.
De quoi donner l'idée à 10/18 et Society de créer cette collection de true crime : 51 affaires dans les 51 états américains. Et ça commence fort avec L'affaire du Golden State killer. Soit l'itinéraire d'un tueur-violeur-,cambrioleur qui a démarré en 1976 pour se terminer par une interpellation en avril 2018 ! Plus de quarante ans à courir après un type qui passait entre les mailles du filet, parce qu'il était ganté, cagoulé, parce qu'il était malin, qu'il avait de la chance aussi. Et que les technologies de la police n'étaient pas encore au top.
William Thorpe est, entre autres, allé à la rencontre du premier duo d'enquêteurs chargé du dossier dans le comté de Sacramento, au nord de San Francisco. Il raconte la frustration de ces années, qui voient la paranoia s'emparer des habitants ; " les ventes d'armes explosent, cinq mille de plus seront vendues en 1977... " Le malfaiteur fait peur : il s'introduit de nuit, prend des objets sans valeurs qu'il jette parfois mais surtout, il viole sous les yeux des maris, des enfants. Toutes sortes de femmes, adolescentes, jeunes, quadragénaires, blanches, afro-américaines... au diable, les profileurs !
Sans spoiler, le fil de l'enquête est passionnant. Le lecteur se dit, " encore une histoire de serial machin". Mais non, c'est très humanisé avec nombre de témoignages de victimes mais aussi une contextualisation réussie par William Thorpe, avec une résolution admirable et un peu inattendue.
L'affaire du Golden State killer est faite pour se lire en une poignée d'heures, rédigée comme un vrai beau reportage. L'éditeur a par inséré ailleurs différentes cartes, histoire de se repérer. Bref, une première qui donne envie de suivre cette collection.

L'affaire du Golden State killer, ed. 10/18, 171 pages, 7, 50 euros