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The killer inside me

Littérature noire

Dégâts des eaux : Dortmunder se mouille pour 700 000 dollars

Dégâts des eaux parait en 1990 aux Etats-Unis et une quinzaine d'années plus tard en France, traduit par Jean Esch et publié, pour la première fois dans l'hexagone, par Rivages.
Septième aventure ou mésaventure de John Dortmunder, cet opus conjugue, avec toute la maestria de Donald Westlake, un humour de situation colossal, une série de portraits incroyable et un rythme qui ne faiblit jamais tout au long des 600 pages. Bien sûr, le lecteur un peu pinailleur avancera que l'on sait déjà que la combine de Dortmunder ne fonctionnera pas, que ça va capoter, c'est la loi de cette série. Certes, mais le génie de son auteur, c'est de nous faire penser que cette fois, peut-être, ça va marcher. Ou même que le sort ne peut s'acharner. Et, tout de même, il va bien récupérer un petit quelque chose...
Mais Dégâts des eaux c'est avant tout un vrai méchant et un trésor. Tom Jimson "ressemblait à un personnage de second plan dans un film de la Dépression : le type penché au-dessus d'un petit feu dans un campement de vagabonds. " Libéré, malgré plusieurs condamnations à perpétuité, le voilà, à 70 ans, qui débarque chez John Dortmunder son ancien compagnon de cellule. Toujours aussi mauvais, vicieux, il lui propose de l'aider à récupérer 700 000 euros d'un braquage de fourgon blindé. Seul souci : le casse s'est déroulé il y a plus de vingt ans, il a tout mis dans un cercueil qu'il a soigneusement enterré dans une ville, depuis recouverte par un immense réservoir d'eau au nord de l'Etat. Tom Jimson (qu'un autre personnage appelle Tim Jepson, sera-ce un Jim Thompson déguisé ?) est prêt à investir dans du matériel et une équipe pour récupérer et partager son pécule. De toute façon, si cela ne marche pas en plongeant, cet homme sans coeur a décidé de faire sauter le barrage et de ramasser son argent, les pieds au sec. Tant pis si toute une ville doit être inondée...
Et voilà Dortmuner qui prend des leçons de plongée dans une piscine, qui enfile une combinaison, un masque, se trempe jusqu'aux os, lui le pur new-yorkais habitué aux cambriolages en plein air. Evidemment tout ne se passe pas bien. Et puis dans la petite ville près du réservoir, Tom Jimson a laissé plus que des (mauvais) souvenirs : une fille ! Et sa mère, qui le reconnaît dans une voiture.
Dire que l'on passe un formidable moment avec Donald Westlake et son équipe de bras cassés serait un doux euphémisme : le lecteur rit, sourit, se frappe les cuisses devant une telle avalanche de scènes catastrophes, d'imprévus, de paranoia, de chocs des cultures. Parce que dans la galerie de personnages, il y a un geek, Wally, personnage obèse et blafard, premier nerd des années 90. Et aussi Doug, professeur de plongée raté, plus occupé à satisfaire les désirs charnels d'une femme joliment marié. Sans parler du malheureux gardien de nuit du barrage... Westlake sait merveilleusement jouer de ces décalages, de ces confrontations d'univers. Avec un Dortmunder toujours aussi malchanceux, fataliste mais loyal.
Dans la masse des écrits de cet auteur truculent, difficile de savoir exactement quelle place peut occuper ce Dégâts des eaux. Pour l'amateur de polars, c'est sans problème, un must du genre.

Dégâts des eaux (Drowned hopes, trad. Jean Esch), ed. Rivages, 609 pages, 24.90 euros  dans le recueil Encore raté !
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