Torpedo Juice : de la bière, des stupéfiants et une bonne tranche de non-sens

Depuis le temps que certains bloggers occitans mettaient la pression pour que l'on lise Tim Dorsey. Voilà, c'est fait. Et, franchement ? C'est bon de céder à la pression. Preuve, une fois de plus, que la blogosphère, celle qui lit beaucoup et bien, est plus prescriptrice, plus innovatrice aussi, que nos journaux. Hélas. Enfin, c'est un autre débat. Il faut simplement dire que Tim Dorsey, c'est vraiment génial, foutraque, délirant même. Et solide dans la construction. Torpedo Juice, nouvelle aventure donc de Serge A. Storms, peut être une bonne introduction à cette folle série. C'est même un sacré hameçon parce que, là, on empile déjà les précédents tomes sur sa table de nuit...

Voici donc Serge A. Storms. Glandeur de son état. Schizo qui s'ignore. En chemise officielle des employés de péage. Celle avec des petits motifs floridiens dessus. Serge, figure légendaire des keys, a décidé de trouver une femme. Il sent que c'est le bon moment pour son karma. Il n'y avait jamais pensé auparavant mais, voilà, tout arrive. Serge qui, miracle, retrouve Coleman, son pote dingo, apparemment trucidé dans un précédent épisode. Mais ça, ce n'est pas grave, Tim Dorsey nous explique que ce n'était pas lui mais un coloc'... Pas de soucis, de toute façon, on sent que le roman est bien barré. Comme lorsque Coleman raconte ses visites dans les réunions d'alcoolos, de toxicos : " Ils sont niqués de la tête ces gens, mais j'adore leurs histoires. On dirait ces émissions de télé où les filles n'arrêtent pas de se crêper le chignon. On sait qu'on ne devrait pas regarder ça, mais bon... Aux réunions il y a ce type qui se réveille tout le temps dans un appartement qui n'est pas le sien. Il se bourre la gueule et rentre avec des inconnus. C'est pas sexuel ni rien. C'est juste... Je sais pas, en fait. Un jour, il s'est réveillé, il avait la gueule dans un bol de pâtée pour chien... Une autre fois il avait la jambe dans le four, mais il n'était pas allumé. Il s'est même réveillé au Mexique. " Bien barré. Parce qu'en plus de ces deux loustics, de leurs amis du No Name Pub, il y a deux flics absolument dantesques. Deux policiers, Walter et Gus, qui feraient passer Terence Hill et Bud Spencer pour des croque morts ! Entre les confidences érotiques dévoilées, les réflexions foireuses, Tim Dorsey maintient le niveau de folie de l'ensemble largement au-dessus du raisonnable.

Mais attention. Attention. Et c'est là que c'est fort : il y a une vraie intrigue. A savoir Anna qui fuit les assassins de son mari, de son frère. Qui fuit dans les keys. Tout cela va se combiner avec la présence d'un escroc notoire qui décide de s'installer là avec l'argent soutiré aux retraités américains...

On vous le dit : ne passez pas à côté de Torpedo Juice. Voilà de la littérature parfaitement populaire. Et puis sait-on jamais si vous avez décidé de vous marier cet été, il y a quelques conseils pas négligeables dans ces 407 pages. A lire aussi, chez le copain Yan.

Torpedo Juice, Tim Dorsey, ed. Rivages, 407 pages, 23 euros.