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The killer inside me

Littérature noire

November road : sur les routes du sud des USA en 1963

Le thème de la fuite n'étant pas nouveau et plutôt casse-gueule, Lou Berney avait tout intérêt à s'appliquer pour séduire le lecteur de romans noirs. Mais l'auteur de November Road n'est pas un perdreau de l'année. Il signe ici son quatrième roman, après notamment un prix Edgar Allan Poe pour The long and faraway gone.
La maîtrise de Lou Berney, on la note dans ses personnages et particulièrement celui de Charlotte. Quelle femme ! La trentaine, plutôt jolie, mère de deux adorables petite fille, elle est mariée à un loser notoire et surtout, elle est coincée à Woodrow, Oklahoma. On est en 1963 et "Charlotte se souvint  de ses moments qu'elle passait, allongée au soleil en sortant de l'eau, à rêver des gratte-ciel de New-York, des avant-premières à Hollywood et des jeeps dans la savane africaine, se demandant lequel des ces avenirs exotiques et merveilleux l'attendait. Tout était possible. Tout pouvait arriver." On est en 1963 et JFK vient de se faire tirer comme un lapin à Dallas. L'autre personnage de November Road, Franck Guidry est un petit caïd de la Nouvelle Orléans, un lieutenant du redoutable Carlos. Et Guidry a une sueur froide quand il se souvient avoir déposé dans un parking une Cadillac Eldorado 1959 bleu ciel à quelques centaines de mètres du lieu où Kennedy s'est fait shooter. Il n'y a pas de coïncidence. Surtout que Séraphine, bras droit de Carlos, lui demande de récupérer la Cadillac et de la jeter dans un canal. Et pourquoi pas lui aussi par la même occasion ? Franck ne va pas attendre comme un agneau. Et décide de prendre la route, de fuir lui aussi. A ses trousses, évidemment, Barone, un tueur. Un vrai, un salopard comme on les aime et qui n'est pas sans rappeler le Antone Chigurh de Cormac McCarthy dans Non ce pays n'est pas pour le vieil homme.
Donc trois personnages très réussis, une intrigue intéressante qui mêle la fuite, les fausses pistes, un peu de romance et aussi, en filigrane, cette libération de la femme américaine. Les personnages de Guidry et Charlotte sont ainsi, de prime abord, aux antipodes, lui très charmeur, séducteur, elle, femme au foyer, discrète, artiste. Leur rencontre, improbable au départ, devient vite naturelle, évidente.
November road, comme dans tous road trip, offre son lot de motels, de routes, de paysages entre le Texas et Las Vegas mais sans verser dans la carte postale, c'est même plutôt le contraire. Voilà donc une des bonnes surprises de cette rentrée de janvier 2019.

November road (trad. Maxime Shelledy), ed. Harper Collins, 380 pages, 20 euros.
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