La maison sur la falaise : huis-clos au large de Glasgow

Romand dense, La maison sur la falaise voit Chris Brookmyre faire un pas de côté dans sa traditionnelle oeuvre de polars pour cette fois, donner dans le thriller psychologique version huis-clos. Mais ce n'est pas une nouveauté puisque ceux qui apprécient l'oeuvre de l'Ecossais se souviennent du formidable L'ange déchu (2021). Si formidable que sans doute Brookmyre s'est dit " retournons-y pour voir ".
Donc voilà sept femmes, proches de la quarantaine, invitée par l'une d'entre elles dans un manoir luxueux d'une île au large de Glasgow pour fêter son enterrement de vie de jeune fille. Toutes ont des profils bien différents : la première est veuve d'un flic ripou, devenue riche avec la vente d'une franchise de pâtisseries, la deuxième est une star de la pop, une autre est justement l'ancienne guitariste de cette star... bref, des amies d'enfance pour certaines, d'autres qui se connaissent moins. Le premier soir, à l'issue du cocktail de bienvenue, une des invitées disparaît. Sur les téléphones des six restantes et aussi celui de la gérante, restée sur place, apparaît la vidéo de la malheureuse, noeud coulant autour du cou, sur une chaise, avec ce message : " l'une de vous n'est pas la personne que vous croyez... cette vilaine fille va poster sa confession. " Terrorisées, elles décident de partir en trois groupes à la recherche d'un bateau pour aller chercher les secours. Trois binômes qui vont dompter leurs peurs mais aussi leurs rancunes car effectivement, chacune a des secrets plus ou moins avouables.
Pour tout dire, si les personnages sont bien travaillés, la trame de La maison sur la falaise laisse un peu de marbre. Des romans sur les secrets, on en a lu bien trop. Mais passons, ce qui cloche un peu dans l'histoire c'est vraiment cette drôle d'idée qu'ont ces dames de se séparer, en pleine nuit, sur une île qu'elles ne connaissent pas. Et pour quelle raison vraiment ? C'est le point qui ne fonctionne pas vraiment. Au-delà des reproches que chacune peut faire à sa voisine, sa parente ou son amie, qui parfois sonnent comme du Desperate Housewives. Il y a également un côté Dix petits nègres mais il manque au final tout le décor social, humoristique qui font habituellement les romans de Chris Brookmyre. Un pas de côté pour l'auteur.

La maison sur la falaise (The Cliff House, trad. Céline Schwaller), ed. Métailié, 377 pages, 22, 50 euros